Press Release par Mailyz Marchaland, le 18 décembre 2020
Une technologie hybride permettant de se rapprocher au maximum de la vraie vie tout en bénéficiant de l’effet de surprise de la réalité virtuelle
Avec plus de 2000 votes sur les réseaux sociaux, c’est le projet Soignants Ré. V, mis en place à l’APHP, qui a remporté le prix Coup de cœur du public du salon SANTEXPO. Fruit d’une collaboration tripartite entre l’APHP, l’organisme Avenir Santé Formation et l’entreprise C2Care, ce module de formation repose sur une technologie de réalité virtuelle hybride inédite au service de la posture de soignant face à la douleur ou l’agressivité du patient. Retour sur une nouvelle approche qui souhaite redonner du sens à des métiers malmenés.
Faire face à la douleur et l’agressivité des patients
Confrontée à d’importants problèmes de recrutement et de fuite des personnels paramédicaux dans son service de l’APHP, Patricia Coppens, alors Cadre Paramédicale du pôle Neurosciences, a décidé de réagir dès 2018 et organisé avec les cadres de santé un séminaire de pôles sur ce thème : « Nous y avons convié l’organisme Avenir Santé Formation et l’entreprise C2Care afin d’animer un atelier sur l’innovation en formation qui a fait naître le projet Soignants Ré.V. »
Cette chambre de formation virtuelle à destination des paramédicaux a pour objectif de leur donner les clés pour une bonne posture soignante face à la douleur et l’agressivité des patients. En effet, « Nous avions une vraie problématique, notamment chez les infirmiers nouvellement diplômés qui ont une formation universitaire technique pointue mais peu axée sur les besoins relationnels et psychologiques, constate Patricia Coppens. Confrontés à des situations de douleur aigue et de violence qui surviennent quotidiennement dans des services comme les neurosciences et la psychiatrie, ils se retrouvaient rapidement en difficulté pour gérer les émotions des patients. »
La réalité virtuelle pour rêver le métier de soignant
Ces thématiques prioritaires identifiées, restait à les mettre en œuvre dans un projet de formation innovant, intégrant de la réalité virtuelle, comme l’explique Mélanie Portmann, directrice des opérations Groupe d’Avenir Santé Formation : « Le but des trois partenaires du projet était d’utiliser de l’innovation technologique comme facteur d’attractivité et de dynamisme dans la politique de formation. »
Pour répondre au cahier des charges défini par les équipes de l’APHP, l’entreprise C2Care, spécialisée dans les logiciels thérapeutiques en réalité virtuelle, a mis au point une solution technique innovante, comme l’explique Pierre Gadéa, son Directeur général : « Traditionnellement, la réalité virtuelle recourt soit à des avatars en 3D, soit à de la vidéo. Mais retranscrire des émotions complexes (qui était l’objectif primordial) par le dessin en 3D demande de gros moyens techniques et financiers. La vidéo, elle, fige le scénario et ne permet pas les interactions. Pour Soignants Ré.V., nous avons donc opté pour une technologie hybride permettant de se rapprocher au maximum de la vraie vie tout en bénéficiant de l’effet de surprise de la réalité virtuelle. »
Ainsi, un comédien professionnel a été filmé jouant différentes réactions relatives à la souffrance et à l’agressivité. Celles-ci ont ensuite été numérisées et intégrées dans les images d’une clinique en 3D afin de créer différents scenarii qui s’enclenchent en fonction de la réaction de l’apprenant selon la situation. En effet, « Les méthodes de simulation en santé sont strictement encadrées par la HAS, rappelle Mélanie Portmann. Soignants Ré.V. répond bien entendu à ce cadre, au sein duquel est intégré un serious game immersif et très réaliste. »
Le projet en pratique
Chaque session est encadrée par deux cadres référents (lesquels sont formés à la méthodologie du module) et regroupe de 4 à 5 participants pour une efficacité optimale. Chacun effectue un passage dans la chambre virtuelle à l’issue duquel lui sont délivrés un score mais surtout un débriefing personnalisé : « Cela permet de poser des mots sur les émotions ressenties et sur les difficultés rencontrées, détaille Patricia Coppens. En outre, les infirmiers et aides-soignants sont mélangés durant les sessions : cela permet de donner du sens à ce binôme, d’échanger et partager sur des problématiques communes et, surtout, de créer une culture collective. » Actuellement mensuelles, ces sessions devraient avoir lieu à terme deux fois par mois, l’objectif étant que tous les cadres et paramédicaux puissent y participer, les uns comme formateurs, les autres comme apprenants.
Des bénéfices croisés importants
Les bénéfices de cette nouvelle approche ne font aucun doute pour la professionnelle Mélanie Portmann: « Travailler sur les émotions permet d’aller encore plus loin dans l’objectif de formation. Beaucoup de paramédicaux connaissent théoriquement les protocoles mais les mettre en pratique n’est pas toujours évident. Pour cela, cet outil est extrêmement efficace : il se rapproche d’une formation tutorale. »
D’ailleurs, avec désormais plusieurs mois de recul, le bilan est extrêmement positif : « C’est un réel atout pour les cadres, corrobore Patricia Coppens. Ce module de formation est un argument supplémentaire pour leur recrutement. Pouvoir participer à un accompagnement personnalisé peut faire la différence entre deux propositions de poste. Il y a une valorisation de leur mission pédagogique qui ne se résume pas à des tâches sans grande valeur ajoutée. C’est particulièrement nécessaire dans le contexte actuel.»
À quoi s’ajoute un net bénéfice en matière de relations dans et entre les services : « Comme les cadres ne sont pas forcément présents lors de situations mal vécues, les sessions permettent les repérer et de revenir dessus, poursuit-elle. C’est également l’occasion de mieux connaître les soignants. » Les formations offrent à ces derniers une montée en compétences plus rapide, d’autant qu’ils y bénéficient des retours d’expérience de leurs pairs. Cela développe un sentiment d’appartenance et leur permet d’adopter le bon positionnement selon la situation.
Et tout cela concourt à un climat plus serein et, donc, une meilleure prise en charge des patients avec des réponses plus efficaces et adaptées aux attentes et aux besoins.
Les clés d’un succès
Mais Pierre Gadéa l’assure, cela n’aurait pu se faire sans la très forte implication de tous les acteurs concernés, particulièrement les cadres responsables de la formation : « La décision de travailler sur ces sujets est vraiment partie du terrain. C’est ce qui a fait le succès du projet puisqu’il répond à des besoins réels. Puis, chacun s’est impliqué et une forte synergie entre les cadres, les équipes techniques et les équipes de formation s’est créée, permettant la mise en œuvre de ce projet inédit. »
Un succès que vient confirmer ce prix Coup de cœur du public et qui pourrait bien faire prochainement des émules. Les trois protagonistes ne cachent d’ailleurs pas réfléchir à des déclinaisons de cette technologie pour d’autres difficultés rencontrées par les soignants (en matière de qualité de vie au travail ou de parcours patient par exemple) et/ou dans d’autres services de l’APHP, voire auprès d’organismes de formation initiale. Car, Patricia Coppens, « L’amélioration des postures soignantes est plus que jamais essentielle aujourd’hui. Et, en la matière, les sujets ne manquent pas ! »
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